Alors que la guerre et la famine frappent durement la bande de Gaza, la position des principaux acteurs arabes – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar et Égypte – suscite des interrogations. Malgré leur influence régionale, leur incapacité à fournir une aide humanitaire significative à Gaza contraste avec leur rôle dans la levée des sanctions contre la Syrie.

Un double standard humanitaire ?

Des observateurs s’étonnent que Riyad ait pu convaincre Washington d’assouplir les sanctions contre Damas après plus de dix ans de conflit, sans pour autant parvenir à acheminer ne serait-ce qu’un convoi d’aide vers Gaza en son propre nom. De même, l’Égypte et le Qatar, bien qu’actifs dans les négociations de trêve, peinent à faciliter l’évacuation des blessés ou l’envoi de vivres dans l’enclave assiégée.

Cette divergence interroge sur la cohérence de la diplomatie arabe face à ce qui est décrit comme une catastrophe humanitaire sans précédent : plus de deux millions de Palestiniens soumis à un blocus total depuis près de deux décennies, aggravé ces deux dernières années par une famine organisée.

Washington, la Syrie et Gaza : deux poids, deux mesures

La différence de traitement entre les dossiers syrien et palestinien par les États-Unis s’expliquerait par des considérations géopolitiques. L’administration américaine et ses alliés occidentaux soutiennent la réintégration de Damas dans le système régional, notamment via le plan de « paix Brahimi ». La levée partielle des sanctions, encouragée par l’Arabie saoudite, s’inscrirait dans une stratégie plus large visant à éloigner la Syrie de l’axe anti-israélien et à l’intégrer dans un bloc « modéré ».

En revanche, sur la question palestinienne, les mêmes capitales arabes semblent impuissantes à infléchir la position américaine, malgré l’urgence humanitaire. Cette inertie relance le débat sur l’efficacité réelle de la diplomatie arabe dans les crises majeures.

Abdoulaye Diallo